Ce matin, je suis allé soutenir les Atsem (Agent territoriaux spécialisés des écoles maternelles), les auxiliaires de puériculture, les agents d’entretien… de Saint Etienne qui faisaient grève à la fois pour une meilleure reconnaissance de leur travail, de meilleures conditions et une plus grande attention pour le bien être de nos tout petits! J’y ai rencontré Christelle Jourjon, une des principales organisatrices de ce mouvement. Christelle, déléguée CGT, est auxiliaire de puériculture dans les crèches de Saint Etienne. Elle a accepté avec beaucoup de gentillesse de répondre à quelques questions au nom de son syndicat…
– Bonjour Christelle
– Bonjour Fabrice
– Quelles sont les raisons qui vous poussent à faire grève aujourd’hui?
– Nous sommes en grève aujourd’hui suite à l’appel du Collectif « Pas de Bébés à la consigne » Qui alerte sur les nouvelles réformes du gouvernement sur les modes d’accueils qui passeront sur ordonnances pendant le 1er semestre 2021.
– J’imagine qu’aujourd’hui beaucoup d’entre vous sont très fatigués…
– Oui, beaucoup d’agents sont épuisés, fatigués, et il y a de plus en plus d’arrêts maladies. On éprouve réellement un manque de considération, de reconnaissance et de bienveillance pour tous. Voilà pourquoi nous avons aussi déposé un préavis local sur le service éducation petite enfance, dans lequel nous demandons: Des masques jetables au lieu de masques en tissus pour tous les agents qui le souhaitent, le positionnement de nos remplaçantes à la semaine, ( certaines font 4 à 5 crèches différentes par semaine, et même 2 structures dans la même journée ), du personnel en plus, les journées de travail en une seule fois…
– Thierry Tillon, lui aussi délégué syndical de la CGT, déclare avoir alerté la municipalité sur les problèmes rencontrés dans les crèches et les écoles de Saint Etienne bien avant la crise du coronavirus, comment le maire et ses adjoints en charge de ces établissements avaient-ils réagi?
– Monsieur le Maire a dit qu’il serait attentif aux réformes du gouvernement.La CGT a signalé à plusieurs reprises les difficultés des agents aussi bien dans les écoles que dans les crèches, notre hiérarchie a été à notre écoute mais n’a pas pour autant accepté nos revendications, ni pour l’instant apporté des solutions.Nous nous sentions déjà en flux tendu avant la Covid!
– Comment tes collègues et toi avez-vous vécu ces différentes périodes depuis le mois de mars?
– Pendant la 1ère période du confinent, une seule crèche était ouverte, Il y a eu un protocole sanitaire assez lourd mis en place. Quand toutes les crèches ont rouvertes, nous n’avions que 10 enfants par service (au lieu de 20). Aujourd’hui le protocole s’étant allégé, nous sommes à pleine capacité de nos effectifs, sur certaines crèches (étant donné que les enfants sont censés ne pas être contagieux…)
– Une de tes collègues me disait qu’il y avait aussi des incohérences…
– Oui, par exemple, nous avons interdiction de mélanger les différents groupes d’enfants mais par contre un mélange d’adulte ne dérange pas…
– Pour pouvoir le mieux possible s’occuper des enfants, il est important d’être soi-même dans de bonnes conditions…
– Ce qui n’est pas le cas. Nous n’avons, par exemple, pas de pause supplémentaire, nous n’avons plus le droit d’enlever notre masque même en salle de pause, juste le temps de manger, d’ailleurs on nous a installé des plexiglas sur les tables. Nous travaillons dans une ambiance un peu morose et dans un climat anxiogène.
– Et, forcément, les enfants doivent le sentir…
– Nous gardons pour objectif d’assurer le bien être de l’enfant et de sa famille mais les conditions sont difficiles!
– Ces problèmes sont-ils locaux ou nationaux?
– Les deux! Le collectif pas de bébés à la consigne a lancé un appel national à la mobilisation. Notre syndicat s’y est joint en ajoutant nos revendications locales.
– Merci Christelle et bon courage à toi et à tes collègues. Je suis de tout coeur avec vous et j’espère que vos revendications vont être entendues, prises en compte, et que des solutions seront trouvées!
– Merci à toi Fabrice